Nitassinan et innu-aitun
Le Nitassinan (territoire ancestral) est fondamental dans la culture innue. Il est le lieu où se pratiquent les activités ancestrales, où se transmettent les savoirs traditionnels et le savoir-faire, et où l’on se rassemble pour partager les croyances, pour pratiquer les rituels et la spiritualité, ainsi que pour transmettre la langue et les valeurs. Bref, il s’agit du lieu où se véhiculent toutes les composantes de la culture innue que l’on nomme l’innu-aitun (Rousseau, 2019). La communauté innue de Pessamit habite et vit de ce territoire traditionnel depuis des millénaires, ce dont témoigne la présence de sites historiques d’intérêt tels que des voies de portage, des sites de sépulture, des points de rassemblement et des lieux de campement dans le secteur de la Station Uapishka.
Les Innus considèrent que le territoire n’a pas de limites précises, mais il est généralement reconnu que le Nitassinan de Pessamit couvre la rive nord du Saint-Laurent, entre les rivières Portneuf et Trinité, puis s’étend aux confins de l’arrière-pays, au-delà des monts Uapishka et Otish. Sur cet immense territoire, les chasseurs de Pessamit pouvaient croiser ceux du Lac-Saint-Jean, de Schefferville ou même les Cris de la baie James. En langue innue, Nitassinan signifie « notre terre ».
Œil du Québec
Avec un diamètre d’environ 100 kilomètres, l’astroblème de Manicouagan est le quatrième cratère en importance de superficie dans le monde. Il a été formé il y a environ 214 millions d’années par l’impact d’une météorite de huit kilomètres de diamètre. En son cœur se dresse l’île René-Levasseur, dont le sous-sol recèle une forte quantité d’impactite, un amalgame rocheux rendu homogène par la chaleur de l’impact météoritique. Du fait même de sa genèse, le secteur abrite un site géologique exceptionnel reconnu à l’échelle québécoise, le site de Manicouagan-Est. Des sites fossilifères sont également présents à proximité de la Station Uapishka.
En 1968, la mise en eau du barrage Daniel-Johnson, situé à 40 km au sud, a causé l’inondation du cratère et donné ainsi naissance à l’île René-Levasseur. L’astroblème de Manicouagan est désormais l’un des plus grands réservoirs hydroélectriques au monde. Sa forme annulaire distinctive, visible depuis l’espace, lui a d’ailleurs valu le surnom d’«Œil du Québec ».
Réserve de la biosphère - UNESCO
Témoignage tangible du caractère exceptionnel du territoire sur le plan du patrimoine naturel et culturel, l’UNESCO a désigné en 2007, à titre de réserve de biosphère, le territoire longeant le fleuve de la communauté innue de Pessamit à Baie-Trinité et recouvre un immense arrière-pays comprenant, jusqu’au nord, les monts Uapishka (Groulx) et l’astroblème Manicouagan. La Station Uapishka se trouve au cœur même de ce territoire et contribue, par ses actions à l’atteinte des objectifs du cadre statutaire de l'UNESCO et, plus largement, au rayonnement de toute la région.
Aires protégées
La Station Uapishka se trouve à l’intérieur de la réserve de biodiversité Uapishka. Celle-ci recouvre environ un tiers du massif des monts Uapishka (Groulx), l’un des endroits accessibles par la route abritant la plus vaste surface de toundra arctique alpine. Cet écosystème renferme une flore diversifiée et rare à cette latitude — soit au cœur de la forêt boréale.
Autre attrait significatif du territoire, l’île René-Levasseur abrite la plus grande réserve écologique du Québec, la réserve écologique Louis-Babel, en plus de la réserve de biodiversité de la météorite. Selon Tourisme Québec, les aires naturelles protégées s’avèrent plus propices que les autres types de territoires à l’offre de produits écotouristiques de qualité et concurrentiels, et ce en raison de leurs attributs écologiques ou esthétiques souvent spectaculaires. Milieux naturels peu perturbés, ces territoires sont en outre des actifs durables dont la pérennité est garantie par des statuts légaux ou réglementaires.
Flore et faune
Des écosystèmes fragiles se retrouvent dans le secteur, dont des pessières blanches montagnardes à lichens et des îlots de toundra arctique-alpine. Plusieurs espèces calcicoles rares associées à des sols riches et moins acides ont récemment été répertoriées dans les monts Uapishka (Groulx). Parmi les espèces floristiques rares ou menacées du massif se trouvent entre autres l’Athyrie alpestre, le Carex des glaces, l’Agoséride orangée, le Busserole rouge l’Alchémille à glomérule et la Scapanie des marécages.
Des espèces fauniques culturellement importantes pour la communauté innue de Pessamit et la pratique de l’innu-aitun se trouvent également dans le massif telles que le caribou forestier, l’original, l’ours noir, le castor, le lièvre d’Amérique, le tétras, la martre d’Amérique et de nombreuses autres espèces de canards et d’oiseaux migrateurs.
Territoire
Les monts Uapishka (Groulx) surplombent tout l’arrière-pays du territoire de la Manicouagan avec une trentaine de sommets dépassant les 1 000 mètres. Le massif est le sixième en importance pour son altitude et le troisième en importance de superficie alpine au Québec. Les monts Uapishka (Groulx) recèlent un potentiel éducatif exceptionnel, en plus d’être l’un des rares massifs de cette envergure et peu achalandé qui demeure accessible au Québec. Uapishka signifie « sommet rocheux toujours enneigé ».